Chroniques festivalières(2):Lamsati,Chaabi et porteurs de badges..
Place"Nevada" relookée et renommée"Rachidi"..
Il est 20h30..les
estafettes de la sûreté nationale sillonnent les lieux..un dispositif
sécuritaire très efficace mais non pregnant ..l'un des points forts de
l'évènement..
Dans quelques minutes,le concert de "Dayzin",groupe de
fusion casablancais commencera..le public est déjà là.."depuis des
heures"me dira un ami plutard..
Filles jeunes et moins jeunes
légérement maquillées se baladent en décolletés..la canicule de ces
derniers jours aidant,c'est la haute saison pour les drageurs de la
métropole..
Avec mon sac à dos,mon compagnon de route tout au
long du festival,je me présente à la sécurité..Contrôle d'identité
oblige..mon sac est fouillé au détail prés..le souvenir d'un 16 Mai est
déjà dans les esprits..
Le spectacle commence..les morceaux choisis
par le DJ(Djaiji pour les purs casaouis)démontrent qu'être marocain
c'est avant tout adorer le Chaabi..les foules de plus en plus immenses
vibrent sur les rythmes d'un certain Daouidi,nouvelle coqueluche du
"Chaabi"Marocain..
L'une des caractéristiques des spectacles de la
place Rachdi..Smail,ce breakdancer(ayant déjà animé,entre autres,un
certain maroc-argentine),a pu gagner la sympathie du public présent..au
point de lui valoir un surnom"Lamsati"(le disjoncté)..un surnom
qui,apparemment,lui va à merveille..
Disjoncté,il l'est
vraiment..malgré ses quelques petites maladresses verbales,il arrive
toujours à enflammer le public présent..bien avant le début effectif
des concerts..
Petit à petit,l'espace reservé aux porteurs de
badges(normalement les médias accrédités et le staff
technique)..commence à être envahi par quelques jeunes casablancais
plus "in"que le public ordinaire.."Une véritable consécration des
disparités sociales"me souffla un ami..
"Le Maroc est comme ça..le piston est toujours là..on vit avec"me déclare une membre du staff du festival..appelons-la M..
Quelques
instants plutard,M a oublié son rôle d'assistante de production et a
préféré profiter de l'occasion pour exposer ses talents de danseuse..
Le contraste est patent..deux spectacles en un..
Un spectacle pour les porteurs de badges,plus branchés et plus receptifs..
Et
l'autre,pour le reste du public,enfin la majorité qui est restée
derrière les barrières,peu ou pas du tout receptif malgré la très
grande qualité de la programmation musicale..
"Moi je ne veux que du Chaabi"me déclara une femme au foyer..
Une
"porteuse de badge"réplique:"Ce n'est pas la faute aux organistaeurs si
le public n'est pas réceptif"avant d'ajouter:"Le Marocain doit
changer"..
Tant bien que mal,le festival avance..les quelques
petites lacunes organisationnelles sont tout à fait normales pour un
méga-évenement dont révaient les casablancais depuis belle lurette..
Une
chose est sûre,les casablancais sont avides de vie..Ce festival est une
excellente opportunité pour les réconcilier avec leur paysage urbain..
"Pourquoi ne pas prévoir une programmation artistique tout au long de l'année"s'interroge Abderrahim,chauffeur de Taxi..
Le festival n'est qu'un premier pas qu'il fallait oser,la métropole mérite mieux..
Voir également:
-Notre couverture sur le "Courrier de Casablanca"