Profession prospére
Au Yemen, pays de Abdellah Saleh, du
qat et de la reine de Sabaa, une banque vient de déclarer
faillite.
Jusque-là rien de particulier
Partout dans le monde, des
établissements financiers ferment, d'autres s'inaugurent, les
clients perdent leurs économies, l'opinion publique
s'inquiète, la presse en parle, les indices s'écroulent
, les responsables se déférent au parquet, un procés
,un feuilleton, des sentences puis le tout tombe aux oubliettes.
Parmi les sinistrés du crash
yamanite figure un mendiant qui a perdu la modique bagattelle de 30
milles Dollars, une véritable fortune dans l'un des pays les
plus pauvres de la planète.
Le malheureux avait amassé cette
somme aprés des années de dur labeur dans les
cérémonies de mariages et aux sorties des demeures
abritant les séances du « qat »,
véritable fléau social au Yemen.
Revenons à notre plus beau pays
du monde, selon Azouzi and co , où le secteur de la mendicité
est l'un des plus porteurs de l'économie nationale.
Selon une récente étude,
plus de 50000 personnes exercent la mendicité au Maroc, en
d'autres termes les mendiants dépassent le total cumulé
des médecins, infirmiers et sages-femmes au Maroc.
Véritable témoin des
désiquilibres flagrants d'un maroc en quête de
renouveau, la mendicité est pour le moins une activité
florissante.
Mosquées, transport public,
centres commerciaux, gares..aucun espace n'échappe à
l'organisation quasi-militaire du secteur.
Le secteur couvre ,désormais,
tout le territoir national et les mendiants commencent même à
taper sur les portes de la CGEM, leur secteur étant d'un grand
potentiel évolutif.
La mendicité est un secteur
hermétique, pour avoir son « permis de mendier »,
l'aspirant mendiant négocie sa petite place à lui avec
les ténors du métier, exactement comme tout corps
professionnel régi par un ordre.
Le secteur doit sa prospérité
aux efforts conjugués de ses ressources humaines.
Les profils à rechercher sont
divers, certaines perles peuvent se révéler même
rares, une idée pour les cabinets de recrutement.
La mendicité devra également
être assujettie à la TVA, un conseil d'ami pour tanton
Oualalou si jamais il se trouve à cours de moyens pour payer
ses milliers de fantômes.
Le mendiant n'est pas seulement le
petit sale dans la rue, mais la profession s'est mis au diapason de
la mondialisation.
Le profil/mendiant d'aujourd'hui est un
type bien rasé, maîtrisant une ou deux langues
étrangères certains même utilisent des sytèmes
de paiement électronique.
Les haut gradés de la profession
occupent mêmes parfois des postes ministériels et
exercent leur art au chevet de fond monétaire international ou
de la banque mondiale.
L'art de la mendicité n'a pas de
limites, et les esprits créatifs c'est ce qui ne manque pas,
l'impossible n'étant pas marocain.
Tout le monde, enfin, est un
mendiant..Chacun à sa manière.
Mendiants ou pas, nous sommes tous
héros d'une seule grande comédie:la vie.
NB: Le texte de ma chronique hebdo sur le "Courrier de Nord"