Occupés à ne rien faire
Ils sont nombreux et ils exercent avec abnégation et amour leur occupation majeure: Ne rien faire.
Une occupation tellement envahissante qu'elle remplit, pratiquement leur planning 7j/7 et 10h/24 si on fait, bien sûr, abstraction du temps classiquement reservé au sommeil, sieste et activités annexes.
Les marocains sont occupés, non pas par les multiples chantiers qui leur attendent, ni par l'échéance 2010 repoussée à 2012, encore moins par le « Grand Jihad » annoncé par feu Mohammed V et jamais entrepris.
Ils sont, tout simplement, occupés à ne rien faire.
Nos « font rien » nationaux dépassent de loin toute concurrence, même les fameux « font rien » français habitués à rester scotcher dans les terrasses des cafés parisiens au point d'étonner un correspondant du très américain Washington Post en début de semaine.
Les « font rien » sont nettement majoritaire et leur omniprésence a conduit les décideurs à leur réserver tout un motel hautement équipé, à proximité de la gare Rabat/ville, voire même d'élire un de leurs représentants au poste de ministre d'état chargé de ne rien faire.
La démocratie marocaine est sur de bonnes rails, qui a dit l'inverse.
Les experts en sémiologie « fontrienniste » ont établi un classement hierarchique, une sorte de taxonomie où la suprématie revient incontestablement à des « font rien » qui font semblant de faire, une sous-espèce particuliérement dangereuse car vénimeuse.
Les « font rien » se donnent réguliérement des rendez-vous dans des lieux de culte très commodes. Ces lieux de culte nommés cafés, crémeries et brasseries,sont tellement prospéres qu'ils poussent comme des champignions, la doctrine de « ne rien faire » est une doctrine particuliérement cooptative.Méfiez-vous les gars.
Etres multitâches qu'ils soient, les « font rien » ont pris l'habitude de combiner plusieurs actions, perdre du temps inutilement est contradictoire avec leur pensée.
Parmi leurs activités fétiches, je cite « Glandage » et « Voyeurisme » en insistant sur le majuscule(Message à notre charmante correctrice).
La première activité propulse certains d'entre eux au rang d'analystes sportifs le temps des confrontations sportives, et géostratégiques lorsque les tambours de guerre prennent le dessus.
La seconde les plonge dans un nirvana orgasmogène de premier ordre, la matière premières étant là et les pentalons serrés ce n'est pas ce qui manque.
Parlant serrés, un phénomène commence à me préoccuper, des fesses signées « révolution » et « Waw » commencent à circuler dans nos boulevards.
Et la signature de concerne pas seulement les fesses mais aussi les glandes mammaires, un « touche pas à mon trésor » a été capté sur certains tops féminins ces derniers temps.
Le phénomène ne laisse pas indifférents et me pousse sérieusement à discuter l'éventualité de lui réserver une chronique entière next time.
NB: Texte de ma chronique quotidienne sur l'hebdomadaire "Le Courrier du Nord"