Nous les Frimeurs!!

20 février 2006

frimeur

Au pays de Fatna Bent Lhoucine,Najat Atabou ou autre Simon Says;porter un badge est devenu un signe d'appartenance sociale et une manifestation hors pair de notoriété.
La dynamique festivalière que connaît le Maroc d'aujourd'hui a engendré la genèse d'une caste particulière aux caractéristiques très fines:les porteurs de badge..
Du très élitiste festival des musiques sacrées du monde au plus « bledard »moussem du petit douar le plus loin de la route asphaltée,la scène est quasiment identique..
D'un côté,les porteurs de badges arborant non sans grande fierté leurs fiches cartonnées appendues à leur ceinture scapulaire.De l'autre côté,la « racaille »condamnée à s'entasser en foule pour pouvoir jouir de quelques instants de bonheur sans TVA..
Un mur d'apartheid pas du tout virtuel..
Prolongement naturel d'un « Naâmisme » séculaire et du système kafkaein des agréments de transport,le petit carton imprimé chez l'imprimeur/ami du directeur du festival s'est transformé à l'insu du Makhzen en une source de convoitise générant un clientélisme inédit..
C'est ainsi qu'à l'approche d'une date clé du calendrier festivalier,le pote qui travaille dans une boite d'évenementiel devient une denrée rare,un contact qu'on garde jalousement et qu'on ne doit perdre sous aucun prétexte.
Cette ruée vers les badges n'est,en réalité,qu'une forme clinique d'une pathologie plus générale,le « m'as-tu vu? »
Ce même marocain qui arrive tant bien que mal à boucler ses fins de mois est le premier à s'endetter pour s'offrir un gadget susceptible d'alimenter son besoin primitif de « frimer ».
Du GSM payé au prix fort pour qu'il soit tenu fiérement devant les copains au café du coin à la séance de Thalassothérapie déclarée en pompe à la famille.
Nos compatriotes sont devenus des frimeurs par excellence et les manifestation de cette « frime collective »sont nombreuses..
Il y a quelques temps une marque de voiture luxueuse,la très abordable Jaguar pour ne pas la citer, a déclaré avoir enregistré un chiffre d'affaire au Maroc comparable aux résultats réalisés dans des contrées réputées riches:Koweit et Emirats.
A moins que nous soyons vraiment friqués à l'insu de Tanton Oualalou,une seule explication est capable d'interpréter une telle « performance »,nul n'est en mesure de stopper la quête incessante du Marocain à frimer..
Frimer n'est-il pas l'une des valeurs nationales les partagées,qu'en pensez-vous Messieurs Dames?